Pour les jeunes en âge scolaire, Burkina Faso

La voix du papillon

JOURNEE INTERNATIONALE DE LA JEUNESSE AU BURKINA FASO / APPEL DE LA JEUNESSE

APPEL DE LA COALITION DES ORGANISATIONS JEUNESSE DU BURKINA FASO, À L’OCCASION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE    LA JEUNESSE

 

Ouagadougou, 12 août 2016

Nous, Jeunes du Burkina Faso, réunis à Ouagadougou ce 12 août 2016 à l’occasion de la  Journée internationale de la jeunesse, voudrions à travers cet appel, attirer l’attention de la communauté nationale et internationale sur les problèmes que nous vivons, et de manière générale, sur notre statut au sein de la société.

Cette journée est en effet une réelle opportunité pour relancer la réflexion sur la jeunesse, qui représente l’écrasante majorité de notre population, mais dont le rôle social et politique suscite certes des espoirs mais aussi des inquiétudes légitimes. Selon le recensement général de la population de 2006, la population burkinabè est à majorité jeune. En effet, 80% des Burkinabè ont moins de 35 ans, tandis que les personnes dont l’âge est compris entre 15 et 35 ans représentent 33,2% de la population.

La jeunesse est considérée comme le fer de lance de la nation. Elle est et a toujours été à l’avant-garde des luttes sociopolitiques menées par notre pays pour plus de bien-être, plus de démocratie, plus de droits humains. Tous les gouvernements qui se sont succédé dans ce pays ont affirmé en faire une priorité, une préoccupation de premier ordre. Lors des campagnes électorales, tous les candidats se sont présentés comme les candidats de la jeunesse, des femmes, des masses laborieuses, etc.

Cependant, sur le terrain, la réalité est tout autre. La jeunesse n’est pas perçue comme une opportunité et un facteur de développement, mais comme un poids, une charge pour l’État qui n’arrive pas à répondre suffisamment à ses aspirations. L’on est tenté d’affirmer que la jeunesse est laissée à son propre sort.  Elle est reléguée à la marge de la société et n’est pas suffisamment prise en compte par les politiques publiques.

Pourtant, la participation des jeunes dans la vie nationale est immense. La jeunesse a été au-devant de l’insurrection populaire d’octobre 2014 ; c’est encore la jeunesse qui s’est sacrifiée pour défendre la démocratie des évènements consécutifs au coup d’État manqué de septembre 2015. C’est au sein des jeunes que l’on a enregistré le plus grand nombre de morts et de blessés lors de ces luttes sociopolitiques.

Certes, dans notre pays, des efforts importants et appréciables ont été consentis par l’État, la société civile, les partis politiques, les partenaires au développement pour faire de la jeunesse un acteur clé dans le processus de développement. Depuis l’indépendance, la jeunesse a fait l’objet de politiques publiques, un ministère lui est dédié, une politique nationale de la jeunesse existe depuis 2008, le Burkina a ratifié la Charte africaine de la jeunesse, etc.

Malgré ces efforts, force est de constater que les résultats sur le terrain sont très mitigés.  En effet, la jeunesse reste le parent pauvre des changements qu’elle a contribué à impulser.  À titre illustratif :

  • Dans le gouvernement de transition issu de l’insurrection, aucun jeune n’a été nommé, en violation des dispositions de la Charte de la transition ;
  • Dans le gouvernement issu des élections générales de novembre 2015, aucun jeune n’est non plus nommé à un poste ministériel ;
  • L’Assemblée nationale élue à l’issue des mêmes élections compte moins de dix jeunes élus sur cent vingt-sept députés ;
  • Le critère de définition de la jeunesse fixé par la Charte africaine de la jeunesse, c’est-à-dire les personnes dont l’âge est compris entre 15 et 35 ans, n’est pas toujours respecté dans les partis politiques et les associations ;

Au plan économique et social, les jeunes peinent à s’émanciper à cause des effets du marasme économique qui secrète le chômage massif et l’exclusion sociale. Les jeunes diplômés, les jeunes sans qualification, de tous milieux de résidence, de tous sexes, sont exposés à la précarité sociale, les empêchant ainsi de participer pleinement à la gestion des affaires publiques. Ainsi, selon les  données de l’ANPE, entre 2008 et 2012, le nombre de demandeurs d’emplois est passé 9 514 à 38 704. Or, 85% de ceux-là sont des jeunes de moins de 35 ans !

La jeunesse a aussi sa part de responsabilité. En effet, aujourd’hui, de nombreux jeunes burkinabè s’adonnent à des pratiques néfastes, telles que la consommation de drogue, le banditisme, la paresse, l’incivisme, etc. Ils sont aussi nombreux les jeunes qui répugnent à se former, à se cultiver, à s’engager pour la nation lorsque l’opportunité leur est donnée.

Si la situation socioéconomique et politique du pays et la démission des parents et des autorités peuvent en partie expliquer ces comportements, cela ne peut en aucun cas dédouaner les jeunes de leur responsabilité. Dans cette perspective, la jeunesse doit être abordée comme une détentrice de droits, mais aussi une débitrice d’obligations.

Au regard de ces constats,

Nous, Jeunes du Burkina Faso, réunis à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse 2016, sous l’égide d’OXFAM au Burkina Faso, lançons cet appel :

Aux autorités nationales et locales

  • De veiller à intégrer de manière systématique le référentiel « jeune » dans toutes les politiques publiques ;
  • D’adapter le système éducatif aux besoins de la jeunesse ;
  • De normaliser et stabiliser les années académiques dans les Universités et Instituts supérieurs, tout en veillant à faciliter des stages aux jeunes diplômés ;
  • De renforcer les capacités des structures qui accompagnent les jeunes ;
  • De faciliter l’entreprenariat des jeunes à travers un traitement préférentiel en matière fiscale et en matière d’attribution des marchés publics ;
  • De renforcer les politiques de jeunesse pilotées par le ministère en charge de la jeunesse à travers un suivi rigoureux et l’allocation des moyens humains et financiers conséquents ;
  • D’envisager des mesures juridiques et institutionnelles volontaristes pour accroitre le niveau de représentativité des jeunes dans les instances de décision au niveau national et local ; y compris les politiques de quota ;

A la jeunesse burkinabè

  • De redoubler d’efforts pour se former en vue d’être à la hauteur des défis auxquels notre pays est confronté ;
  • De s’organiser pour suivre et évaluer les politiques publiques de jeunesse mises en œuvre par le gouvernement ;
  • De s’engager résolument dans les associations et les partis politiques pour participer à l’animation de la vie publique ;

A la société civile  et aux partis politiques

  • De responsabiliser davantage les jeunes en leur confiant des postes de responsabilité selon leurs compétences et leur niveau d’engagement ;
  • D’accompagner les jeunes dans leur combat quotidien pour une meilleure prise en compte de leurs droits dans les politiques publiques ;
  • De poursuivre et consolider la formation civique, politique et professionnelle des jeunes ;

Au secteur privé

  • De promouvoir une politique de promotion des jeunes à travers des programmes de stages et de recrutement sensibles aux jeunes ;
  • D’encourager et promouvoir l’accès des jeunes aux crédits en vue de contribuer à leur autonomisation économique ;

Aux partenaires techniques et financiers du Burkina Faso

  • De poursuivre et renforcer l’appui technique et financier aux initiatives des jeunes et des associations œuvrant pour leurs droits ;
  • De plaider auprès de la communauté internationale afin que la coopération au développement s’intéresse davantage aux droits et problèmes des jeunes.

 

                                                  Fait à Ouagadougou, le 12 août 2016

 

La coalition des organisations jeunesse du Burkina

LISTE DES ORGANISATIONS

ASSOCIATION D’ASSISTANCE POUR LES MALADIES INFECTIEUSES

IGD

IYF ASSOCIATION INTERNATIONAL YOUTH FELLOWSHIP

APEB-2OA

CLUB PHOTO

APSIP

DBA-ASMADE-PAJ

MAISON DE L’ENTREPRISE

AEERO

RJJS

EDUCOMUNICAFRIK

CGD

BALAI CITOYEN

GENERATION BUTTERFLY

ADEP

ASSOCIATION PANGAYA

MYS’TIC

JOKKOLABS

BLOGGEUSES 226

ACDE

AJVB

BJVSER

CLUB UNESCO

APAA

NAYD

APEB

AJD

ASEC BURKINA

AJMD

TAKAM COSMETIQUE INTERNATIONAL

ETS TOUT SUPER

AAE.C.ESF ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DE GOMPELA

BEOOGOLAB

ESPACE CULTUREL GAMBIDI

ONEF – OBSERVATOIRE NATIONAL DE L’EMPLOI ET DE LA FORMATION

FASI

AIEEBEX

VOLONTAIRES OXFAM

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

OUAGADOUGOU, LE 12 AOÛT 2016

 

 

 

 

 

JOURNEE INTERNATIONALE DE LA JEUNESSE AU BURKINA FASO / APPEL DE LA JEUNESSE

 

Ouagadougou, 12 août 2016

Nous, Jeunes du Burkina Faso, réunis à Ouagadougou ce 12 août 2016 à l’occasion de la  Journée internationale de la jeunesse, voudrions à travers cet appel, attirer l’attention de la communauté nationale et internationale sur les problèmes que nous vivons, et de manière générale, sur notre statut au sein de la société.

Cette journée est en effet une réelle opportunité pour relancer la réflexion sur la jeunesse, qui représente l’écrasante majorité de notre population, mais dont le rôle social et politique suscite certes des espoirs mais aussi des inquiétudes légitimes. Selon le recensement général de la population de 2006, la population burkinabè est à majorité jeune. En effet, 80% des Burkinabè ont moins de 35 ans, tandis que les personnes dont l’âge est compris entre 15 et 35 ans représentent 33,2% de la population.

La jeunesse est considérée comme le fer de lance de la nation. Elle est et a toujours été à l’avant-garde des luttes sociopolitiques menées par notre pays pour plus de bien-être, plus de démocratie, plus de droits humains. Tous les gouvernements qui se sont succédé dans ce pays ont affirmé en faire une priorité, une préoccupation de premier ordre. Lors des campagnes électorales, tous les candidats se sont présentés comme les candidats de la jeunesse, des femmes, des masses laborieuses, etc.

Cependant, sur le terrain, la réalité est tout autre. La jeunesse n’est pas perçue comme une opportunité et un facteur de développement, mais comme un poids, une charge pour l’État qui n’arrive pas à répondre suffisamment à ses aspirations. L’on est tenté d’affirmer que la jeunesse est laissée à son propre sort.  Elle est reléguée à la marge de la société et n’est pas suffisamment prise en compte par les politiques publiques.

Pourtant, la participation des jeunes dans la vie nationale est immense. La jeunesse a été au-devant de l’insurrection populaire d’octobre 2014 ; c’est encore la jeunesse qui s’est sacrifiée pour défendre la démocratie des évènements consécutifs au coup d’État manqué de septembre 2015. C’est au sein des jeunes que l’on a enregistré le plus grand nombre de morts et de blessés lors de ces luttes sociopolitiques.

Certes, dans notre pays, des efforts importants et appréciables ont été consentis par l’État, la société civile, les partis politiques, les partenaires au développement pour faire de la jeunesse un acteur clé dans le processus de développement. Depuis l’indépendance, la jeunesse a fait l’objet de politiques publiques, un ministère lui est dédié, une politique nationale de la jeunesse existe depuis 2008, le Burkina a ratifié la Charte africaine de la jeunesse, etc.

Malgré ces efforts, force est de constater que les résultats sur le terrain sont très mitigés.  En effet, la jeunesse reste le parent pauvre des changements qu’elle a contribué à impulser.  À titre illustratif :

  • Dans le gouvernement de transition issu de l’insurrection, aucun jeune n’a été nommé, en violation des dispositions de la Charte de la transition ;
  • Dans le gouvernement issu des élections générales de novembre 2015, aucun jeune n’est non plus nommé à un poste ministériel ;
  • L’Assemblée nationale élue à l’issue des mêmes élections compte moins de dix jeunes élus sur cent vingt-sept députés ;
  • Le critère de définition de la jeunesse fixé par la Charte africaine de la jeunesse, c’est-à-dire les personnes dont l’âge est compris entre 15 et 35 ans, n’est pas toujours respecté dans les partis politiques et les associations ;

Au plan économique et social, les jeunes peinent à s’émanciper à cause des effets du marasme économique qui secrète le chômage massif et l’exclusion sociale. Les jeunes diplômés, les jeunes sans qualification, de tous milieux de résidence, de tous sexes, sont exposés à la précarité sociale, les empêchant ainsi de participer pleinement à la gestion des affaires publiques. Ainsi, selon les  données de l’ANPE, entre 2008 et 2012, le nombre de demandeurs d’emplois est passé 9 514 à 38 704. Or, 85% de ceux-là sont des jeunes de moins de 35 ans !

La jeunesse a aussi sa part de responsabilité. En effet, aujourd’hui, de nombreux jeunes burkinabè s’adonnent à des pratiques néfastes, telles que la consommation de drogue, le banditisme, la paresse, l’incivisme, etc. Ils sont aussi nombreux les jeunes qui répugnent à se former, à se cultiver, à s’engager pour la nation lorsque l’opportunité leur est donnée.

Si la situation socioéconomique et politique du pays et la démission des parents et des autorités peuvent en partie expliquer ces comportements, cela ne peut en aucun cas dédouaner les jeunes de leur responsabilité. Dans cette perspective, la jeunesse doit être abordée comme une détentrice de droits, mais aussi une débitrice d’obligations.

Au regard de ces constats,

Nous, Jeunes du Burkina Faso, réunis à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse 2016, sous l’égide d’OXFAM au Burkina Faso, lançons cet appel :

Aux autorités nationales et locales

  • De veiller à intégrer de manière systématique le référentiel « jeune » dans toutes les politiques publiques ;
  • D’adapter le système éducatif aux besoins de la jeunesse ;
  • De normaliser et stabiliser les années académiques dans les Universités et Instituts supérieurs, tout en veillant à faciliter des stages aux jeunes diplômés ;
  • De renforcer les capacités des structures qui accompagnent les jeunes ;
  • De faciliter l’entreprenariat des jeunes à travers un traitement préférentiel en matière fiscale et en matière d’attribution des marchés publics ;
  • De renforcer les politiques de jeunesse pilotées par le ministère en charge de la jeunesse à travers un suivi rigoureux et l’allocation des moyens humains et financiers conséquents ;
  • D’envisager des mesures juridiques et institutionnelles volontaristes pour accroitre le niveau de représentativité des jeunes dans les instances de décision au niveau national et local ; y compris les politiques de quota ;

A la jeunesse burkinabè

  • De redoubler d’efforts pour se former en vue d’être à la hauteur des défis auxquels notre pays est confronté ;
  • De s’organiser pour suivre et évaluer les politiques publiques de jeunesse mises en œuvre par le gouvernement ;
  • De s’engager résolument dans les associations et les partis politiques pour participer à l’animation de la vie publique ;

A la société civile  et aux partis politiques

  • De responsabiliser davantage les jeunes en leur confiant des postes de responsabilité selon leurs compétences et leur niveau d’engagement ;
  • D’accompagner les jeunes dans leur combat quotidien pour une meilleure prise en compte de leurs droits dans les politiques publiques ;
  • De poursuivre et consolider la formation civique, politique et professionnelle des jeunes ;

Au secteur privé

  • De promouvoir une politique de promotion des jeunes à travers des programmes de stages et de recrutement sensibles aux jeunes ;
  • D’encourager et promouvoir l’accès des jeunes aux crédits en vue de contribuer à leur autonomisation économique ;

Aux partenaires techniques et financiers du Burkina Faso

  • De poursuivre et renforcer l’appui technique et financier aux initiatives des jeunes et des associations œuvrant pour leurs droits ;
  • De plaider auprès de la communauté internationale afin que la coopération au développement s’intéresse davantage aux droits et problèmes des jeunes.

 

                                                  Fait à Ouagadougou, le 12 août 2016

 

La coalition des organisations jeunesse du Burkina Faso

 

LISTE DES ORGANISATIONS

ASSOCIATION D’ASSISTANCE POUR LES MALADIES INFECTIEUSES

IGD

IYF ASSOCIATION INTERNATIONAL YOUTH FELLOWSHIP

APEB-2OA

CLUB PHOTO

APSIP

DBA-ASMADE-PAJ

MAISON DE L’ENTREPRISE

AEERO

RJJS

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CGD

BALAI CITOYEN

GENERATION BUTTERFLY

ADEP

ASSOCIATION PANGAYA

MYS’TIC

JOKKOLABS

BLOGGEUSES 226

ACDE

AJVB

BJVSER

CLUB UNESCO

APAA

NAYD

APEB

AJD

ASEC BURKINA

AJMD

TAKAM COSMETIQUE INTERNATIONAL

ETS TOUT SUPER

AAE.C.ESF ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DE GOMPELA

BEOOGOLAB

ESPACE CULTUREL GAMBIDI

ONEF – OBSERVATOIRE NATIONAL DE L’EMPLOI ET DE LA FORMATION

FASI

AIEEBEX

VOLONTAIRES OXFAM

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

OUAGADOUGOU, LE 12 AOÛT 2016

 

 

 

 

 

JOURNEE INTERNATIONALE DE LA JEUNESSE AU BURKINA FASO / APPEL DE LA JEUNESSE

 

Ouagadougou, 12 août 2016

Nous, Jeunes du Burkina Faso, réunis à Ouagadougou ce 12 août 2016 à l’occasion de la  Journée internationale de la jeunesse, voudrions à travers cet appel, attirer l’attention de la communauté nationale et internationale sur les problèmes que nous vivons, et de manière générale, sur notre statut au sein de la société.

Cette journée est en effet une réelle opportunité pour relancer la réflexion sur la jeunesse, qui représente l’écrasante majorité de notre population, mais dont le rôle social et politique suscite certes des espoirs mais aussi des inquiétudes légitimes. Selon le recensement général de la population de 2006, la population burkinabè est à majorité jeune. En effet, 80% des Burkinabè ont moins de 35 ans, tandis que les personnes dont l’âge est compris entre 15 et 35 ans représentent 33,2% de la population.

La jeunesse est considérée comme le fer de lance de la nation. Elle est et a toujours été à l’avant-garde des luttes sociopolitiques menées par notre pays pour plus de bien-être, plus de démocratie, plus de droits humains. Tous les gouvernements qui se sont succédé dans ce pays ont affirmé en faire une priorité, une préoccupation de premier ordre. Lors des campagnes électorales, tous les candidats se sont présentés comme les candidats de la jeunesse, des femmes, des masses laborieuses, etc.

Cependant, sur le terrain, la réalité est tout autre. La jeunesse n’est pas perçue comme une opportunité et un facteur de développement, mais comme un poids, une charge pour l’État qui n’arrive pas à répondre suffisamment à ses aspirations. L’on est tenté d’affirmer que la jeunesse est laissée à son propre sort.  Elle est reléguée à la marge de la société et n’est pas suffisamment prise en compte par les politiques publiques.

Pourtant, la participation des jeunes dans la vie nationale est immense. La jeunesse a été au-devant de l’insurrection populaire d’octobre 2014 ; c’est encore la jeunesse qui s’est sacrifiée pour défendre la démocratie des évènements consécutifs au coup d’État manqué de septembre 2015. C’est au sein des jeunes que l’on a enregistré le plus grand nombre de morts et de blessés lors de ces luttes sociopolitiques.

Certes, dans notre pays, des efforts importants et appréciables ont été consentis par l’État, la société civile, les partis politiques, les partenaires au développement pour faire de la jeunesse un acteur clé dans le processus de développement. Depuis l’indépendance, la jeunesse a fait l’objet de politiques publiques, un ministère lui est dédié, une politique nationale de la jeunesse existe depuis 2008, le Burkina a ratifié la Charte africaine de la jeunesse, etc.

Malgré ces efforts, force est de constater que les résultats sur le terrain sont très mitigés.  En effet, la jeunesse reste le parent pauvre des changements qu’elle a contribué à impulser.  À titre illustratif :

  • Dans le gouvernement de transition issu de l’insurrection, aucun jeune n’a été nommé, en violation des dispositions de la Charte de la transition ;
  • Dans le gouvernement issu des élections générales de novembre 2015, aucun jeune n’est non plus nommé à un poste ministériel ;
  • L’Assemblée nationale élue à l’issue des mêmes élections compte moins de dix jeunes élus sur cent vingt-sept députés ;
  • Le critère de définition de la jeunesse fixé par la Charte africaine de la jeunesse, c’est-à-dire les personnes dont l’âge est compris entre 15 et 35 ans, n’est pas toujours respecté dans les partis politiques et les associations ;

Au plan économique et social, les jeunes peinent à s’émanciper à cause des effets du marasme économique qui secrète le chômage massif et l’exclusion sociale. Les jeunes diplômés, les jeunes sans qualification, de tous milieux de résidence, de tous sexes, sont exposés à la précarité sociale, les empêchant ainsi de participer pleinement à la gestion des affaires publiques. Ainsi, selon les  données de l’ANPE, entre 2008 et 2012, le nombre de demandeurs d’emplois est passé 9 514 à 38 704. Or, 85% de ceux-là sont des jeunes de moins de 35 ans !

La jeunesse a aussi sa part de responsabilité. En effet, aujourd’hui, de nombreux jeunes burkinabè s’adonnent à des pratiques néfastes, telles que la consommation de drogue, le banditisme, la paresse, l’incivisme, etc. Ils sont aussi nombreux les jeunes qui répugnent à se former, à se cultiver, à s’engager pour la nation lorsque l’opportunité leur est donnée.

Si la situation socioéconomique et politique du pays et la démission des parents et des autorités peuvent en partie expliquer ces comportements, cela ne peut en aucun cas dédouaner les jeunes de leur responsabilité. Dans cette perspective, la jeunesse doit être abordée comme une détentrice de droits, mais aussi une débitrice d’obligations.

Au regard de ces constats,

Nous, Jeunes du Burkina Faso, réunis à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse 2016, sous l’égide d’OXFAM au Burkina Faso, lançons cet appel :

Aux autorités nationales et locales

  • De veiller à intégrer de manière systématique le référentiel « jeune » dans toutes les politiques publiques ;
  • D’adapter le système éducatif aux besoins de la jeunesse ;
  • De normaliser et stabiliser les années académiques dans les Universités et Instituts supérieurs, tout en veillant à faciliter des stages aux jeunes diplômés ;
  • De renforcer les capacités des structures qui accompagnent les jeunes ;
  • De faciliter l’entreprenariat des jeunes à travers un traitement préférentiel en matière fiscale et en matière d’attribution des marchés publics ;
  • De renforcer les politiques de jeunesse pilotées par le ministère en charge de la jeunesse à travers un suivi rigoureux et l’allocation des moyens humains et financiers conséquents ;
  • D’envisager des mesures juridiques et institutionnelles volontaristes pour accroitre le niveau de représentativité des jeunes dans les instances de décision au niveau national et local ; y compris les politiques de quota ;

A la jeunesse burkinabè

  • De redoubler d’efforts pour se former en vue d’être à la hauteur des défis auxquels notre pays est confronté ;
  • De s’organiser pour suivre et évaluer les politiques publiques de jeunesse mises en œuvre par le gouvernement ;
  • De s’engager résolument dans les associations et les partis politiques pour participer à l’animation de la vie publique ;

A la société civile  et aux partis politiques

  • De responsabiliser davantage les jeunes en leur confiant des postes de responsabilité selon leurs compétences et leur niveau d’engagement ;
  • D’accompagner les jeunes dans leur combat quotidien pour une meilleure prise en compte de leurs droits dans les politiques publiques ;
  • De poursuivre et consolider la formation civique, politique et professionnelle des jeunes ;

Au secteur privé

  • De promouvoir une politique de promotion des jeunes à travers des programmes de stages et de recrutement sensibles aux jeunes ;
  • D’encourager et promouvoir l’accès des jeunes aux crédits en vue de contribuer à leur autonomisation économique ;

Aux partenaires techniques et financiers du Burkina Faso

  • De poursuivre et renforcer l’appui technique et financier aux initiatives des jeunes et des associations œuvrant pour leurs droits ;
  • De plaider auprès de la communauté internationale afin que la coopération au développement s’intéresse davantage aux droits et problèmes des jeunes.

 

                                                  Fait à Ouagadougou, le 12 août 2016

 

La coalition des organisations jeunesse du Burkina

(Liste des organisations ci-annexée)

 

 

 

 

 

 

 

LISTE DES ORGANISATIONS

ASSOCIATION D’ASSISTANCE POUR LES MALADIES INFECTIEUSES

IGD

IYF ASSOCIATION INTERNATIONAL YOUTH FELLOWSHIP

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AEERO

RJJS

EDUCOMUNICAFRIK

CGD

BALAI CITOYEN

GENERATION BUTTERFLY

ADEP

ASSOCIATION PANGAYA

MYS’TIC

JOKKOLABS

BLOGGEUSES 226

ACDE

AJVB

BJVSER

CLUB UNESCO

APAA

NAYD

APEB

AJD

ASEC BURKINA

AJMD

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ETS TOUT SUPER

AAE.C.ESF ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DE GOMPELA

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